Il parlait, parlait sans cesse, sur un ton rassurant. Mais je ne comptais pas me faire avoir, je ne connaissais que trop bien ce ton. Puis finalement, la femme lui passa une pomme. Et là, évidemment, je fus tout de suite beaucoup plus intéressée. Ce n’est pas que je mourrais de faim, mais il n’y avait pas grand-chose dans cet enclos !

Encolure tendue vers la nourriture, oreilles dressées, je fis un pas. Puis deux. Mais pas plus, me contraignant à ne pas tomber lamentablement dans le panneau. Je dressais haut la tête, les observant tout les deux. Je m’étais certes approchée, mais j’étais toujours loin. Et je ne comptais pas avancer. Même si l’appel de la pomme se faisait de plus en plus pressant dans ma tête et dans mon estomac...

Je restais longtemps à le regarder, ainsi. J’hésitai, je pesais le pour et le contre. Mais lui ne semblait rien attendre de moi, comparé a la femme. Il semblait juste vouloir m’offrir une friandise. Il semblait juste vouloir que j’accepte sa présence... Soit ! Mais même s’il semblait gentil, rassurant, je ne tomberais pas dans le panneau de lui offrir ma confiance. Ou alors pas tout de suite. Je fis à nouveau un pas. Puis un second. Et ainsi de suite jusqu'à arriver à la hauteur de l’homme, sans l’avoir lâché du regard. J’attrapais délicatement la pomme, et la dévora littéralement, me fichant de la politesse. Cela me cala quelque peu l’estomac. Mais, rapidement, je reculai, par mesure de précaution. Je fis quelques pas en arrière, puis volte face et m’éloigna que deux ou trois mètres. Il m’avait donné une pomme, mais si j’étais trop proche de lui il pourrait m’attraper. Et je ne voulais pas.

L’homme avait également fait demi-tour et était allé rejoindre la femme. Je les regardés, méfiante. Il avait parlé dans sa langue, mais je devinais qu’il lui avait proposé quelque chose. Ce que je n’aimai, mais alors, pas du tout ! Je ronflai bruyamment des naseaux pour attirer leurs attention et gratta le sol de mon sabot pour signifier mon agacement. Même si la barrière des langues nous séparez, le langage des signes nous rapprochez. Et d’après moi, j’étais suffisamment claire...

L’homme retint alors la femme. Sage décision. Car cette fois ci, elle, je ne l’aurais pas loupé. Je l’aurais vraiment blessé. Je n’aurais pas fait semblant. Puis l’homme me fixa, me parla. Comment je pouvais savoir que c’était à moi qu’il s’adressait ? Je le sentais.

Je cessais de gratter le sol de mon sabot, le fixa intensément. Le jaugeant du regard, au final je m’ébrouai et m’éloigner, a nouveau, manquant de tomber, a nouveau, après avoir marché sur l’épaisse corde.

La femme n’aurait pas ma confiance. Elle ne l’aurait jamais. Elle avait voulu me dominer ? Soit. Mais elle n’avait pas réussis. Tout simplement car elle n’avait pas gagné ma confiance. Elle avait voulu me retenir, contre mon gré.

Arrivée au fin fond de l’enclos, je fis volte face pour regarder les deux humains, les deux bipèdes. Je ronflais des naseaux, à nouveau, dédaigneusement, montrant une attitude hautaine. Ce n’était pas mon genre. Mais là, je n’avais pas vraiment le choix. Il fallait qu’ils comprennent que je ne me laisserais pas dominé si facilement, par de frêles et petits êtres sans défense, puissants que par le nombre.

Ils semblaient parler, puis finalement l’homme s’en alla, me laissant avec la femme. Je respirais profondément, comprenant qu’ils allaient enfin me laisser tranquille. Mais évidemment avec cette saleté de filet ! Avec, j’avais l’impression qu’on me prenait pour un poisson, a pêcher ! Et j’en étais fortement agacée…

Je fixais la jeune femme, et toujours sans la lâcher du regard, je me mis a frotter ma tête contre un poteau tout proche pour tenter d’enlever le filet…

(jvois pas quoi rajouter là…)

La femme s’assit finalement, me regarda alors, me fixant. Je n’aimais pas. Pourtant, je ne fis rien. Me contentant de la surveiller du coin de l’œil...

C’est alors qu’une odeur bien connue me parvint. Wendy ? Qu’est ce qu’elle faisait là ? La jeune femme blonde était la seule que j’aimais. Et j’étais la seule qu’elle aimait. Elle avait peur des chevaux. Et, en ce moment, je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle était venue...

Je dressais les oreilles, lançant un hennissement puissant lorsque je la vis, lorsque je vis sa crinière d’or. J’avais stoppais toute actions, la regardant arriver, de son pas quelque peu hésitant. Mais finalement, elle sembla se ressaisir et s’avança avec gaieté vers l’autre femme, celle a la crinière bouclé & sombre.

« Salut, sa va ? »

Ce furent les paroles qu’elle lança. Évidemment, je n’en compris pas un traitre mot. Mais je compris, au son de sa voix que c’était une question & une salutation aussi. Oui, j’étais très perspicace quand il le fallait. Je vis Wendy passait au travers de la barrière, et s’avançait vers moi, un sourire de joie sur le visage. Toujours les oreilles dressaient, je m’avançais vers elle, au petit trot. Un trot aérien & souple. Lorsqu’enfin nous parvînmes l’une a la hauteur de l’autre, elle déposa un baiser sur mon museau, caressant mon chanfrein. Pourquoi je l’aimais elle ? Car tout comme moi elle était nouvelle. Elle n’avait jamais rien attendu de moi. Elle m’aimait pour ce que j’étais, pas pour ce que je risquais de devenir... Elle ne cherchait pas non plus a me dominer. Juste a m’aimer, a devenir mon amie. Rien de plus, rien de moins...

« Elle est si désagréable que cela ? »

A nouveau une question si je me trompais pas. Mais toujours, je ne comprenais rien a leur étrange langage. Ou était la logique ? Ou peut être qu’il n’y en avait pas ? Aucune idée. Il n’empêche, Wendy semblait sincèrement surprise.

Elle cessa ses caresses et je donnais un petit coup de tête pour qu’elle continue. Cependant, je ne quittais pas du regard la fille à la crinière brune. Je la savais extrêmement rusée. Je la sentais aussi dominatrice et très têtue. Mais j’étais aussi têtue qu’elle. Et c’était moi, dans notre histoire, qui mener la danse. J’étais loin d’être bête. Et je pouvais être manipulatrice. Faire semblant de quelque chose. Ou pas.

« Au fait, tu sais comment elle s’appelle ? »

A nouveau une question. Et celle-ci, je compris le sens. Ou du moins, a peu près. Elle voulait savoir mon nom ? Mais comment lui communiquer ? Nous n’avons pas le même langage. Et mon nom de signifie rien, c’est ainsi plus compliqué a faire comprendre ! Bon, et bien, dommage, donner moi le nom que vous voulez, après tout, Shaia sera toujours celui que ma mère m’avait donné...

La femme brune sembla être agacée. Enfin, ce n’était pas Wendy qui l’agaçait, mais autre chose. Je ne savais pas quoi, mais je m’en contreficher. C’est alors que Wendy reprit la parole :

« Je ne comprends pas. C’est elle qui est carrément venue me voir, la première fois... »

Elle caressa une dernière fois mon encolure & mon chanfrein et se détourna pour se rapprocher de la jeune femme brune. J’hésitai un instant et la suivis, extrêmement méfiante envers la femme brune. Wendy se retourna alors, après que je l’ai malencontreusement bousculé après avoir marcher sur la longue corde & elle me la retira avec aisance.

« Que pense tu de Raven, ou même Archangel pour elle ? Je trouver que les deux noms lui vont bien non ? »

J’avais saisi eux chose. Raven & Archangel. C’était les mêmes mots que dans ma langue. Mais je ne voyais pas dans quel contexte elle les utilisait. Et cela m’énervait franchement de ne rien comprendre !...

Lorsque la femme brune tendit sa main vers moi, j’eus pour réflexe de reculer de plusieurs pas. Mais finalement, je me ravancais, avec méfiance et hésitation. Je ne la quittais pas du regard. La voix de Wendy s’éleva à nouveau dans l’air :

« Wendy & toi ? »