Elle me détacha enfin, et d’un bond je me relever, furieuse d’avoir ainsi était prise au piège. Je me mis à faire de grand mouvement de tête, de haut en bas, tout en reculant pour la faire lâcher. Elle me tenait. Mais elle était si légère. Je ne pensais pas avoir trop de mal à la faire lâcher. Car au départ, j’ai plus de force qu’elle, non ?

Et finalement, pour éviter de me faire mal moi-même, je me cabrai, boxant quelques instants l’air de mes sabots tranchants & clairs. Oreilles couchées, dents dévoilés, je la menaçais clairement... Mais après tout, il ne fallait pas oublier que j’étais une jument sauvage...

La charger ? Il fallait avouer que cela m’avait effleuré l’esprit. Mais non, je n’allais pas le faire. J’étais peut être sauvage, mais ni impulsive ni agressive ! Enfin bon, ça c’était dans le meilleur des cas. Fallait pas m’énerver ! Et sa, cela m’agacer, m’agacer fortement de m’être fait prendre ainsi, d’être obligée de porter un truc ridicule sur la tête. Je retombai avec aisance sur mes antérieur, et d’un rebond je me cabrai a nouveau, ignorant ses paroles douce et son ton chaleureux, rassurant. Je ne lui faisais pas confiance, faudrait qu’elle s’y fasse ! Elle était assez maligne pour m’attraper, alors pourquoi pas pour me mentir aussi ? Il y avait de très bon menteur sur la planète...

J’en avais marre qu’elle me retienne Je me mis à reculer, après être retombé une seconde fois sur mes antérieurs, toujours la tête haute, les oreilles couchées. Je serrais les dents, espérant qu’elle lâche, tellement je tirais...

Oui, du temps. Je peux tout accepter d’une personne qui a ma confiance. Mais pas d’une personne qui m’es inconnue. Et elle m’était inconnue. Je ne lui faisais pas le moins du monde confiance. Qui pouvais m’assurer que ce truc, qu’elle m’avait mis sur la tête n’était pas un piège, qui me mènerait a la mort ? Rien, personne. Je ne connaissais pas cette femme, je me méfiais d’elle. Elle pouvait tout faire, elle était entourée de d’autres comme elle. Elle était dans son royaume. Elle avait le pouvoir de me faire ce qu’elle voulait. Alors évidemment, j’avais peur ! Peur d’elle, de ses actes et des autres...

Je sentis sa résistance. Même infime, je la sentais. A cause des cordes qui encadraient ma tête. Une présence détestable, désagréable. Que j’avais vraiment du mal à supporter. Je me mis à secouer frénétiquement la tête en tout sens pour me soulager de cette présence trop constante pour moi. Je poussai un hennissement plaintif, frustrée de ne pas pouvoir me dégager de ce truc. Aller, lâche moi donc !...

Sauf que je n’étais pas prête de me rapprocher d’elle. Plus j’étais loin d’elle, mieux c’était pour moi. Je continuai à tenter de reculer, tandis qu’elle me retenait, comme une prisonnière. Alors, toujours pas frustration je me mis à tirer au renard. Avec force. Me rejetant brutalement sur mes postérieurs, me ramassant en arrière, tête haute, j’avais donné un coup sec sur la corde pour bruler les doigts de la femme, pour qu’elle me lâche. Je reculai a nouveau, mettant tout mon poids en arrière...

Relâchée, je me précipitai en arrière, fis demi tour et partit au grand galop, en catastrophe. Je marchais sur la longe, manqua de m’étaler mais me repris, trop heureuse qu’elle m’ait enfin lâché. Je me précipitai a l’autre bout de l’enclos, surveillant du coin de l’œil l’humaine, histoire de ne pas me faire reprendre. La longue corde qu’elle tenait auparavant trainait sur le sol, et risquait a tout moment de me faire tomber...

Je vis du coin de l'œil un autre humain s’approcher. Un homme surement. Il était tout à fait différent de la femme. Il parla, mais toujours je ne comprenais rien. Combien allait-il en arriver des comme sa ?

Lorsque la femme fut toute proche de moi, je repartis au galop, à l’autre bout de l’enclos. La corde me gênait énormément et je ne pouvais pas faire deux pas sans marcher dessus et manquer de tomber. J’enrageais. Qu’elle en appelle autant qu’elle veut, des personnes comme elle, aucun ne m’approcherait ! Je pouvais l’affirmer devant dieu ! Je me montrerais plus maligne qu’eux, aucun ne m’approcherait, aucun ne me toucherait. Moi, désagréable, têtue ? Oui, tout a fait. Mais là c’est parce que je suis en colère. Elle m’a mise en colère. Sinon, n’avais-je pas été gentille en me laissant capturée, alors que j’aurais très bien pu détaler comme un lapin ?

Et, frénétiquement, pour me débarrasser de la marque de sa domination, je me mis à frotter ma tête contre le bois d’un poteau, en vain…

Du coin de l’œil j’avais vu la femme s’approcher, s’éloigner, faire des tours... Et je ne m’étais pas douté qu’elle allait m’attraper, au final. Immédiatement je reculai, me cabrai en lançant un hennissement farouche. Lorsque je retombai sur mes antérieurs, je tirais violemment en arrière, tentant a nouveau de lui bruler les doigts. J’avais compris comment la faire lâcher. Avait-elle compris, elle, comment résister ?...

Mais finalement, elle résista. Alors une seule solution se montra à moi, je devais vraiment la blesser. Je couchais les oreilles, pour la prévenir. Puis en un instant fis claquer mes dents a quelques millimètre du bras qui me retenait. Je l’avais volontairement loupé, car au fond je ne lui voulais pas de mal. Mais si j’y étais contrainte, je le ferais vraiment. C’était le message que j’essayai de faire passer.

Je jetais un regard vers l’homme. Depuis tout à l’heure il était là, mais ne semblait n’être que spectateur. Alors pourquoi était-il venu ? Je ne comprendrais jamais ces animaux que l’on appelait des ‘humains’...

La femme me lâcha finalement, recula, surement effrayée. Et je fus contente d’avoir réussie. Puis ce fut l’homme qui s’avança vers moi. Mais lui, au contraire, s’immobilisa, me regarda. Il ne bougeait plus. Mes oreilles pointées vers lui, je le fixai intensément, prête à déguerpir s’il avançait a nouveau. J’étais également immobile. Seul le mouvement de mon ventre prouvait que je n’étais pas une statue. Les muscles tendus sous ma peau, les naseaux frémissant et le souffle rapide, je l’observais, dans un silence absolu.

Pourquoi n’avançait-il pas, lui aussi ? Il n’avait pas la même technique que la femme. Et semblait bien plus..Me respecter. Chose que j’appréciai particulièrement. Mais cela ne voulait tout de même pas dire qu’il pouvait continuer à avancer vers moi...