Le temps avait tourné à l'orage.Ce ciel noir et indifférent énervait la délicate arabe, tandis que le jeune oiseau moqueur le conduisait à la morgue. Bordel de mxrde, dans quel situation s'était elle encore fourré ?.. Ils arrivèrent vers une sorte de.. Mais de quoi mince ?!.. C'était moche. ça puait l'oiseau moqueur. Et puis, il y avait plein de.. d'arbre tout petits sans feuilles ni branche tout au tour de l'endroit et.. Et un truc les reliaient... Non, sérieusement, ce n'était vraiment pas un endroit pour elle.

Quand le jeune homme continua, elle essaya de piler, ses sabots laissant des grandes traces de freinage dans la poussière. Il ne tenait tout de même pas à la faire rentrer là dedans ?!

La créature frêle descendit de l'imposant apaloosa, qui quant à lui était parti brouter plus loin, indifférent aux difficultés de l'arabe. Cependant, malgré les espoirs de Bagheera, il ne la détacha pas le moins du monde, prenant juste la corde entre ses mains. Il se mis à babiller dans un langage qui lui était totalement inconnu, et la jument ne comprit pas mot de ce qu'il disait. Elle se mis à gratter frénétiquement le sol avec son antérieur droit, levant bien haut la tête quand celui-ci s'approcha. Elle plaqua avec violence ses oreilles contre sa nuque, et le regarda, menaçante. Il ne faisait pas le poids, mais elle n'osait chargé. Que lui cachait encore son chef de prison ?

Les naseaux en l'air, la jument perçut alors une autre odeur, forte, voir encore plus forte que celle de la créature avec laquelle elle était au prises. Mais elle ne lui prêta pas attention, elle avait bien d'autre chose à faire que de se préoccuper d'une autre arrivée, d'un individu de la même race que celui qui la retenait de toute évidence. De plus, la créature qui la retenait prisonnière s'avança de deux pas vers elle. Quoi ?! Comment osait il s'approcher !

Elle recula d'autant de pas, sa robe ébène trempée. Elle avait beau être assez endurante, pas assez pour tenir cette cadence autant de temps !. De plus, l'autre leva vivement la main, la faisant reculer de nouveau. Et paf, un sabot dans cette saleté d'endroit, un !

Elle essayait de se débattre, mais ses gestes se faisaient un peu moins précis. Oui, toute jument qu'elle était, son énergie n'était pas infinie.

Prise au piège. Comme une vulgaire petite souris au prise avec un lynx avide de trouver à manger. Et si c'était à cela qu'elle allait servir, à être manger ?. Désespérée, de la détresse dans le regard mais aussi de la fierté et de la colère, la jument ne se laissa pas pour autant abattre. Dès que le cow-boy eut détaché la longe, elle envoya un violent coup de cul, ne lui laissant même pas le temps de souffler, partant dans un galop vertigineux. Tour après tour, l'écume recouvrant sa robe d'un noir encre, elle entendait le vent siffler dans ses oreilles, mettre le désordre dans sa crinière. Mais elle devait bien se rendre à l'évidence : pas de sortie en vue. A moins de sauter... Idée bien trop peu plausible. Elle n'était pas une as du saut, misant beaucoup plus sur son agilité et sa finesse d'arabe. Pourtant, elle ne se décourageait pas. Plutôt mourir.

De temps à autre, elle faisait un demi-tour vertigineux. Son souffle se faisait de plus en plus bruyant, mais elle ne se décourageait pas.. C'était plutôt ses muscles qui se décourageait tour après tour. Elle filait, cherchant sa liberté, celle qu'on lui avait volé.

Finalement, au bout de douze tours de carrière et autant de demi-tour, elle pris le trot, fit encore un tour ou deux avant de venir s'arrêter au milieu, soufflant. Mais il lui suffirait d'un seul geste de ces hommes en sa direction pour qu'elle reparte au galop. Enfin, si ils pouvaient là laisser souffler quelques secondes.. Ce ne serait pas mal non plus.

Elle se remis au pas, et vint faire des tours dans l'enclos, telle une lionne en cage. Jamais elle n'abandonnerait sa fierté, jamais. Ses pas foulaient le sol, un peu sec à vrai dire, tandis qu'elle se tenait la tête bien haute, comme pour montrer à ses individus qu'ils ne lui avaient rien fait physiquement... Et que ce n'était pas de frêles créatures comme eux qui allaient l'arrêter.

À la réponse de Sebastian, Valentino manqua se risquer un petit commentaire moqueur. Il le connaissait très bien après tout, et il connaissait très bien ses réactions à propos d'un sujet qui l'embêtait, ou sur lequel il n'avait pas envi de discuter. Et là, il n'avait pas envi d'en discuter, et ce n'était certainement pas parce qu'elle semblait vouloir obtenir un emploi. Bref, le cowboy fini par reposer les yeux sur la jument au loin qui s'était arrêtée, puis il se pencha pour entrer dans l'enclos. Approcher lentement, progressivement, là était la solution pour qu'elle ne devienne pas paranoïaque ou quoique se soit.
« J'espère bien que non » Répondit-il alors en poussant un bref grognement pour se racler la gorge. Son regard se reposa rapidement sur son père, on pouvait pourtant bien sentir le doute dans sa voix. « En l'amenant, elle s'est débattue comme une folle, je ne serais pas surprit qu'elle ait quelques marques de lasso à l'encolure, bien que se devrait être minime ... » Ajouta-t-il finalement en un petit soupire.

Trempée. Trempée de l'encolure à la queue, qu'elle était, la Bagheera. Même avec ses '' face à face '' avec d'autres équidés, elle ne s'était jamais débattue ainsi.. Et pourtant.. Elle était là. Lorsqu'elle vit entrer '' la chose '' qui ne s'appelait plus '' l'oiseau moqueur '' parce que même un oiseau ne babille pas comme ça, elle plaqua de nouveau ses oreilles en arrière, restant immobile, ses muscles faisant trembler sa peau. Que contait il faire ? Certainement pas l'approcher, en tout cas. Elle lança un hennissement, en tant que défi autant que pour se donner du courage. Allez, ma vieille, tu ne te feras pas avoir une deuxième fois. Mais au fond, que pouvait elle faire ? Il était frêle. Et pourtant... Il savait se faire imposant comme un frison, à ses yeux. La tête bien droite, elle le fixait. Le jugeait, l'observait. Pour le moment, que faire d'autre ?

Valentino ne détachait pas ses prunelles verdâtres de la jument au loin. Sebastian avait entièrement raison, mais comme à chaque fois qu'il rapportait une bête sauvage, il ne pouvait que se faire du soucis pour la santé de la bête. Enfin, penser à son ferrage, aux soins réguliers qu'ils devraient lui procurer, ou encore aux troubles que ça ferait si cette dernière se mettait à paniquer dans les mains d'un débutant qui n'aurait voulu que la mettre dans les prés à l'extérieur.
« Oui je sais ... » Murmura-t-il alors en guise de réponse, visiblement toujours un peu pensif. Puis la jument poussa un hennissement provoquant, comme si elle lui lançait le défi d'approcher encore un peu plus. Ceci arracha un sourire à Valentino. « J'vais lui apporter à manger tantôt ... même si je ne crois pas qu'elle y touchera à mon foin ... »

La jument se rassura intérieurement. La '' chose '' n'avait pas l'air de vouloir approcher le coin dans le quel elle s'était casée. Tant mieux. Elle secoua frénétiquement la tête, restant campée sur ses postérieurs. Prête à bondir si il faisait quelconque geste brusque, bien qu'il n'ait pas l'air d'en avoir envie. Elle souffla longuement, fixant toujours la '' chose '' qui se trouvait dans son enclos. Finalement, si il ne s'approchait pas, tant mieux. Elle n'aurait certainement pas eut l'endurance pour un autre face à face de ce genre. Mais que partait il faire ? En fait, elle s'en fichait pas mal, tant qu'il finissait par la remettre dehors. Mais Bagheera savait que cet espoir était vain.