Celà faisait des heures qu'on l'on m'avait fait entrer avec une difficulté inimaginable dans le coffre d'une machine à roues, grandes, avec quelques autres chevaux. Le voyage avait été long et pénible, j'étais coincé et très inconfortable. Ayant été le dernier à embarquer, j'allais visiblement être le premier à débarquer, au moins. Je n'osais même pas imaginer cet enfer que devais passer ses compagnons tout au fond, à suffoquer à la chaleur. J'avais soif et faim, on ne m'avait pas donné à manger et je crois que malgré tout mes efforts pour être bruyant, je n'allais rien recevoir non plus. Mon sang bouillait au fin fond de mes veines et je sentais mes membres se mettre à trembler d'impatience. Après un long moment; la voiture s'arrêta, ce qui me laissa échapper un hennissement rauque et sauvage. Je dus attendre encore quelques minutes avant que la porte juste à côté de moi ne s'ouvre avec une certaine rapidité. La lumière entra alors dans la van, où je pus pour la première fois prêter attention aux autres équidés. Je ne pris pourtant pas la peine de m'attarder à eux plus longtemps que je sortais en trombe, m'élançant à l'extérieur, aveuglé par le feu du soleil. Une jeune femme tentait de me retenir, mais visiblement, j'étais beaucoup plus puissant qu'elle. Ce fut sans pitié que je donna un violent coup de tête, ce qui lui fit lâcher prise, et m'élança vers l'herbe à quelques mètres de là, où personne ne se trouvait. D'un geste agile, j'en arracha une touffe en me remettant aussitôt à m'éloigner dès qu'un homme tentait de m'approcher ; il n'était pas question qu'on m'enferme à nouveau.
J'ai faim, foutez-moi la paix.