Djiin [Jument Sauvage]

Electric Avenue
. . . . . . . . . . . . . . . . . . « D j i i n ».

La vraie liberté, c'est de pouvoir repousser très loin les limites de sa liberté.
[Nicole Garcia]

Djiin [Jument Sauvage] Djiin2bis

▬ Nom : Djiin. Là d’où je viens, c’est le nom que porte le personnage d’un conte populaire. Il désigne en effet une créature de légende, à la beauté si grande et si parfaite qu’elle faisait -paraît-il- chavirer le cœur de tout un chacun. La gente masculine s’éprenait d’elle d’un regard, à un degré tel qu’elle s’entretuait afin d’obtenir ses faveurs, cela sans même jamais avoir eu la simple occasion de lui adresser la parole. Cependant, la belle portait un terrible secret. Elle ne pouvait espérer aimer un jour, car son cœur était creux et froid comme la glace. Ainsi, une fois que le dernier prétendant vivant se présenta à elle, frémissant d’amour, il se heurta à sa cruelle indifférence. Le chagrin l’assassina et l’espèce fut vouée à l’extinction.
Ma mère était reconnue pour sa beauté hors du commun. Mon père n’était pas laid non plus. Je crois que le harem a naturellement pensé que je porterai sans doute bien mon nom. A tord, à l’évidence. Je ne me suis jamais trouvée quoi que ce soit d’époustouflant dans mon apparence, et j’aime à penser que mon cœur n’est pas de pierre.

▬ Âge : 5 Printemps
▬ Sexe : Féminin
▬ Race : Mustang
▬ État : Sauvage

Il était une fois ...

▬ Histoire : « En temps normal, les juments restent dans leur harde d’origine, parfois toute leur vie, à moins qu’un étalon ne vienne les en soustraire. Pour ma part, j’étais bien trop récalcitrante pour que cette seconde option m’arrivât. Disons que j’aime bien n’en faire qu’à ma tête. Dans ces conditions, comprenez qu’aucun entier ne soit venu me chercher, cela malgré mon joli minois. Alors, la nature a pris le relais. Ma nature. Ma soif de liberté, combinée à une insolente jeunesse. Un duo de choc. Ainsi, je quittai le harem à l’aube de mes deux ans. De toute manière, je ne devais manquer à personne au sein du troupeau. Sauf à ma mère, peut-être.
Je délaissai donc les plaines de mon enfance pour des terres qui ne m’étaient pas familières. L’inconnu me faisait vibrer. A ce moment là, un reste de naïveté me faisait encore espérer que j’allais être l’héroïne d’une fabuleuse aventure, avec peut-être, à la clef, le prince charmant. Pourtant et je le jure, je n’ai jamais été niaise. Seulement pleine d’illusions.

Au fil des lunes, la dure vie de nomade a affermi mon corps mais creusé mes flancs. Je savais en partant que rien ne serait simple.
Mes longues pérégrinations m’amenèrent rapidement près de la frontière Canadienne, bien que je ne le sache pas encore à cette époque. De hautes montagnes s’élevaient devant moi, faisant expressément barrage à mes désirs de conquête. Mon audace me le fit franchir début août, alors que des prairies ondoyantes en aval des escarpements rocheux m’appelaient. Gravir les hauteurs qui me séparaient de cette nouvelle nature sauvage a été une épreuve difficile. Elle a quelque peu entaché ma verve de départ et est presque venue à bout de mon enivrement de liberté. Ma famille était loin désormais, même dans mon cœur.
Cependant, une fois le col franchi, une fois le fruit de mes efforts mis en évidence devant moi, je me sentie renaître. Devant cet exceptionnel panorama, une profonde sérénité s’est immiscée dans mon esprit, et sans avoir besoin de concevoir qu’on puisse me l’enlever, j’ai compris soudain à quel point ma liberté m’était chère. Je pensais alors qu’elle m’était due, et que je n’aurai jamais à la défendre. Elle faisait partie intégrante de moi et je faisais partie d’elle.
Dans cette oasis de verdure qu’il m’a été donnée de connaître, il y avait de ces grands arbres raides dont les aiguilles subsistent même la saison des feuilles mortes arrivée, et un ruban de rivière serpentant à travers la prairie. L’haleine de la montagne, désormais derrière moi, s’engouffrait entre deux cols pour venir balayer la vallée endormie. Son souffle léger passait dans ma crinière comme un peigne aux dents d’alizée. Dans cet endroit reculé, mon âme vagabonde allait pouvoir trouver un refuge et se ressourcer.
J’y demeurai une lune entière, jouissant d’une quiétude que je ne connaîtrai plus. A l’image de mon environnement, j’étais belle et sauvage. Je m’intégrais parfaitement dans ce cadre bucolique. J’aurais pu y rester davantage si je n’avais pas de nouveau senti fourmiller dans mes entrailles le besoin plus que l’envie d’étirer ma liberté vers les terres intérieures. C’était pareil à un feu consumant ma raison au profit de mes ambitions. S’attarder ici n’aurait fait qu’attiser les flammes. Il me fallait assouvir cette pulsion primaire comme on étanche une soif.

Pour montrer que je partais sans regrets, mon départ se fit au grand galop, bien que je n’aie personne d’autre à convaincre à part moi-même. Tout le jour mes foulées cognèrent contre la terre meuble, parcourant ainsi une distance relativement conséquente en un minimum de temps. Finalement, mes muscles fatigués firent obstacle à mon insatiable appétit de cavalcade. Je ne tardai pas à faire halte. Je m’étais enfoncée de plusieurs miles à l’intérieur du territoire. Les pins se parsemaient au profit des érables, lesquels arboraient une robe sanguine, sonnant la venue de l’automne. Lui-même précédait la redoutée et non moins redoutable saison blanche. Mais je n’y pensais pas. J’étais insouciante. Je passai la nuit près d’un bosquet, bercée par la mélopée de quelques grillons. Un peu plus tard, je devais avoir mon premier contact –ma première expérience- avec les bipèdes. J’allais sur mes trois ans.

La lumière du soleil matinal perçait à travers le feuillage des arbres. Je percevais ses traits tièdes tandis que je somnolais encore. Des bruissements anormaux sur ma gauche me contraignirent finalement à émerger. Sans être réellement alertée, je sentis ma flemme s’éloigner et mes sens s’ouvrir. Mes yeux se portèrent sur l’origine de la gêne. Je fus alors spectatrice d’un étonnant spectacle. Je vis poindre entre les buissons un étalon pie, certes imposant, mais ce ne fut pas ce qui me frappa en premier lieu. Non. Car sur son dos, debout et parfaitement à l’aise, un petit bipède. Il paraissait d’autant plus minuscule qu’il était perché sur l’échine d’un cheval proprement gigantesque. A en juger les mouvements saccadés de ses petits bras, et ses mains tendues vers les branches du pommier, je devinai qu’il s’évertuait à cueillir des fruits. Trop centré sur ses gestes maladroits, il n’avait pas noté ma présence. Il n’en était toutefois pas de même pour le grand pie. Ce dernier redressa l’encolure et émit un hennissement plein d’intérêt dans ma direction, me laissant entrevoir dans sa bouche l’éclat en métal du mord.
Je tressaillis quand à son tour le jeune bipède tourna la tête. Une tête blonde, surmontée d’un chapeau qui mangeait à moitié son visage poupin. J’étais pétrifiée et fascinée à la fois. L’écho d’anciens récits de mes plaines natales, faisant allusions à ces étranges bipèdes me revinrent brusquement. Je pus aussitôt mettre un nom sur le visage de l’enfant : Homme. Ses yeux bleus s’écarquillèrent en ma direction. Nos regards respectifs se croisèrent. Durant une seconde, tout était suspendu et immobile. Tranquille.
Il ne me voulait pas de mal. A cet instant, je ne m’imaginais pas se produire ce que colportaient les rumeurs à propos des bipèdes. Et pourtant, le petit homme était bien juché sur un cheval domestiqué, dont la définition même correspondait à l’annihilation totale du concept de liberté. Et si ce n’était pas lui qui lui avait volé, qui était-ce ?

« Charlie ? Ca va ? Mon panier à moi est plein ! »

La voix grave brisa instantanément l’échange silencieux entre le blondinet et moi. Mon corps se tendit promptement. Elle provenait de derrière une rangée de pommiers et d’érables.

« Je suis là papa ! Viens voir, vite ! » Répondit vivement le jeune garçon en tournant la tête.

Mais la prudence m’avait donnée des ailes et j’étais déjà partie.
Une autre vérité avait éclaté ce jour là : ce qui n’appartenait plus à la nature appartenait aux hommes.

Le reste n’a pas d’importance. J’ai passé l’année suivante avec un groupe de trois yearlings mâles de mon âge, plus au Nord. Un palomino, un noir et un bel appaloosa. La vie a toujours été plus simple en groupe. Je ne sais pas si nous aurions pu faire face à l’hiver tout seuls, quasi inexpérimentés, chacun de notre côté. Quoi qu’il soit, d’autres menaces étaient toujours à redouter, comme le prouve la suite. Le courage porte parfois préjudice. Plus tard, le plus ténébreux d’entre nous a succombé à ses blessures, après nous avoir défendu de l’attaque d’un cougar. L’appaloosa quant à lui, un cheval d’un tempérament très doux, a été capturé au cours d’une rafle organisée par les hommes. Il s’est délibérément sacrifié en les éloignant du reste de la tribu. Enfin, peu de temps après, j’ai moi-même délaissé le palomino, suite à mes premières chaleurs. Il se faisait beaucoup trop insistant à mon goût.
Suite à cette année sabbatique, j’ai progressé vers l’Ouest. Sur ma route, j’ai croisé un repaire de bipède. Une petite maison isolée dans son écrin de nature. Etrangement, j’y ai retrouvé l’étalon pie noir et le petit garçon aux yeux bleus. Il avait grandi. Comme l’endroit me paraissait satisfaisant et que l’hiver frappait de nouveau à la porte, j’ai tardé autour du foyer, sans toutefois jamais me laisser approcher par ses occupants. Durant ce laps de temps, je me suis sensiblement rapprochée de Cooks, l’étalon. Je venais lui rendre visite de temps en temps, tandis qu’il se prélassait dans son enclos, enroulé dans une couverture. Nous parlions beaucoup. Nous n’avons cependant jamais abordé sa captivité. Ca ne semblait pas lui poser de problème. Il m’est parfois arrivé d’escorter –à distance- le père de Charlie et sa monture lors de balade quotidienne. Ils parcouraient de longues distances ensemble, en silence.
Cette saison des neiges s’est déroulée confortablement, d’autant plus que la famille, remarquant mes allées et venues à proximité de la maison, avait pour moi des attentions charitables. Surtout Charlie, à vrai dire. Quand je peinais à m’alimenter, je le voyais apporter du foin près du portique, emmitouflé dans des vêtements chauds, puis repartir sans se retourner. Un soir, j’ai laissé sa petite main effleurer mes naseaux. Et c’est tout.

Le printemps revint vite sur la plaine. Il fit fondre la neige et créa l’abondance. Plus rien ne me retenait ici, désormais. Mais un évènement pressa toutefois mon départ.
Cooks était généreux et bon, mais n’en demeurait pas moins un fougueux étalon. Notre relation qui se calquait jusqu’à maintenant sur le schéma père-fille fût chamboulé par l’arrivée de mes chaleurs. Je n’ai jamais été à l’aise durant cette période. Evidemment, je n’ai pas laissé le puissant pie indifférent. Il était plus nerveux que moi encore, et malheureusement, son enclos ne contint pas éternellement son impétuosité. Un soir, le loquet céda. J’avais déjà pris la route, mais c’était sans compter sur mon empreinte olfactive très forte. Il me rattrapa sans problème et me surprit dans la nuit. Dès lors, il me tourna longuement autour, la peau suintante et frémissante, les muscles bandés, le sang bouillonnant. Quand à moi, je renâclais, faisais mine de mordre et levais anxieusement les pieds. Tentatives d’intimidation bien vaines face à une telle force de la nature, je le confesse. Une seconde d’inattention et je sentis ses antérieurs ceinturer fermement mes hanches. Tout son poids pesa lourdement sur mon arrière main tandis que ses dents se refermèrent sauvagement sur mon garrot. Je poussais des hennissements stridents. L’étau de sa mâchoire s’affermissait peu à peu alors que je sentais mes postérieurs ployer sous sa masse. A leur tour, mes antérieurs faiblirent. Sans chercher à résister, je tombais à genoux. Cooks glissa sur le côté, ne s’attendant visiblement pas à une telle parade. Je ne lui laissai pas le temps de s’en remettre. D’un bond vif et agile je m’élançai au galop. Le grand mâle me pourchassa vers l’Ouest sur plusieurs kilomètres. Seule la force du désespoir me permis de tenir le coup. Je finis enfin par le distancer. Il jeta l’éponge.
Au matin, à bout de souffle, j’arrivai sur des terres inconnues, encore tremblante de ma mésaventure. Mon garrot saignait abondamment. J’eus du mal à m’en remettre. Heureusement, le temps panse toutes les plaies.

Un an après, je suis toujours là, sur ces mêmes terres. Elles m’ont bien plu.
Vibrantes.
Sauvages.
Comme moi.
Je crois que je suis éperdument et irrévocablement éprise de la liberté et du différent visage qu’elle arbore chaque matin. Est-ce possible ?
Pourvu que ça n’ait pas de fin. »

▬ Caractère : « C’est toujours délicat de mettre des mots sur soi. On voudrait mettre les bons, mais ils ne nous conviennent pas toujours. Au sein du troupeau, tout le monde me connaissait comme étant la fille tombée en désuétude aux yeux de son père. Oh je n’ai rien fait de mal, d'ailleurs je ne m’en veux pas. Je n’ai juste pas su répondre à ses attentes. Très vite en effet, je me suis révélée être une jument particulièrement indépendante. Sans que ce ne soit un besoin impérieux, j’aime bien être seule, même si la vie de groupe ne me pèse pas outrancièrement. Tout cela ne correspondait pas avec les espérances du dominant. Conscient que l’âge ne tarderait pas à venir à bout de son règne, il aurait voulu que je le succède un jour. Il avait placé sa confiance en moi et me voyait en reine. Le fait est que j’avais déjà l’âme d’un bohème. L’autorité, les conventions, je sais qu’elles existent, je les observe de loin, sans jamais y prendre part. Je suis trop dissipée pour ça. Trop autodidacte, si vous préférez.
Du reste, il y avait ce rêve fou. Celui de m’envoler par-dessus les montagnes pointant vers le ciel, au loin. Elles constituaient alors les limites de notre territoire. Ce n’était pas les étendues sauvages qui manquaient ici, pourtant. Mais j’en ai toujours requis plus. Je ne voulais plus que ces hauteurs obstruent mon horizon. Quand je suis partie, mon père s’est senti trahi, comme le reste de la harde. Seule ma mère a compris mon ivresse de liberté. Elle était tellement belle. J’aurais voulu lui ressembler. Malheureusement, je n'ai hérité que de son côté doux et tolérant.
En règle générale, je m’entends bien avec mes paires. En fait, je tisse facilement des liens avec eux, même si parfois certains étalons m’intimident encore. Pourtant j’ai relativement confiance en moi, sans quoi mes aspirations n’auraient pu être réalisables. Enfin, la nature a jugé bon de placer dans mon cœur la passion dévorante des grands espaces, ce qui a fait de moi une entité brûlante de fougue, irrémédiablement sauvage.
Envers l’homme, je suis très farouche. Je n’ai pas eu d’expérience particulièrement bonnes où mauvaises avec lui. Je sais juste qu’il est capable de voler ce qu’il y a de plus cher à mon âme, et ça suffit à m’en tenir éloignée.

▬ Physique : Au premier regard, Djiin n’a rien de particulier. C’est une mustang certes harmonieuse, mais à l’aspect ordinaire. Comprenez par là qu’elle correspond au standard de la race. Elle n’est pas très grande -1m65 à tout casser. Ténacité et vitalité s’inscrivent dans les courbes de son corps façonné par ses transhumances. Son allure de bohème est juste indissociable du reste, car c’est ce qui définit sa façon d’être. Un regard et l’évidence est là, percutante par sa simplicité : l’alezane est un hymne à la liberté.
La jument a deux petites oreilles bien découpées, souvent dressées au sommet d’une jolie tête bien proportionnée, aux naseaux ouverts et subtilement enveloppés de velours noir. Sa robe est on ne peut plus commune. Alezane. Notons tout de même de ravissants reflets caramel à la lumière du soleil. Ses crins aériens indiquent toujours le sens du vent. Relativement longs, son large toupet se déploie sur la quasi-totalité de son chanfrein, masquant l’étoile blanche en son centre. Nonchalance et élégance s’entrelacent lorsqu’il tombe en rideau devant ses yeux sombres. Des yeux de braises, sans pupilles, très expressifs cependant. On y perçoit l’intensité d’une vie vécue librement. On y voit se consumer la passion des steppes sauvages.
En somme, le charme prime sur la beauté brute chez Djiin. Elle a cette énergie, cette étincelle qu’on ne retrouve pas chez les autres et qui fait toute la différence…
De quoi mettre le feu aux poudres.

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