Sebastian ne craignait pas la pluie... En revanche, sa cigarette n'aimait pas du tout ça. L'orage non plus, soit dit en passant. Bref, il marchait tranquillement vers les roulottes, l'esprit empli de pensées pas très catholiques, mélange de "Comment gagner un max d'argent ?", "Comment faire avec la petite crack que j'ai trouvé ?", et "Oh la la, j'ai drôlement envie de sexe, la dernière fois ne m'ayant que fort peu calmé !"... Autant de soucis existentiels pour un gérant de ranch important tel que lui. Et, quand il se posait des questions, il s'allumait une clope. Et il se posait tout le temps des questions. Ceci donnant cela, il fumait tout le temps... C'est mathématiques. Mais on s'éloigne de l'histoire.

Sébastian marchait donc vers sa roulotte depuis les boxes, où il avait posé la petite crack attrapée plus tôt, lorsqu'il fut surpris par une averse totalement imprévisible. Certes, le ciel était grisâtre, mais il l'était depuis un moment déjà, et même son acuité d'habitué du lieu ne lui avait pas permis de prédire ce temps de chien. Il était donc un peu tard pour se mettre à l'abri, aussi s'était-il dirigé vers la grange d'un pas vif, protégeant d'une main experte la faible flamme de sa clope. Un être normal aurait pensé qu'il pouvait mettre le feu à l'endroit, mais il se savait capable d'éviter ce genre de souci : après tout, il n'était pas le vieux Raphaël, ce voisin gâteux qui, un jour, avait enflammé sa ferme, perdant au passage un bon nombre de bêtes...

En entrant, il lui fallut une minute trente pour que ses yeux s'habituent à l'obscurité, et qu'il distingue la source du bourdonnement ininterrompu : un chat. Un chat caressé par une jeune femme fort séduisante, ma foi. Du moins plaisait-elle plutôt au BB, qui calma aussitôt ses hormones en détresse depuis cette fameuse nuit, il y a deux jours de ça. Il enleva son chapeau, prit sa cigarette dans sa main et se secoua comme un chien, dans un déhanchement terriblement sexy qui lui faisait perdre dix ans au moins. Puis, un sourire mystérieux aux lèvres, il fixa la jeune femme essouflfée, attendant qu'elle lui adresse la parole, comme la coutume le voulait.

(J'adore ta façon de RP =D
Désolée du temps de réponse, ma fin de semaine a été matière à boulot ^^')

Sebastian observa la jeune femme allumer sa cigarette, se contentant d'un petit froncement de sourcil. Que lui fume dans ses bâtiments ne lui causait aucun souci d'éthique. Que quelqu'un d'autre le fasse, beaucoup plus. Enfin, si on peut appeler éthique ce qui le tracassait le plus : la perte d'argent qu'engendrerait un feu. Si le feu venait de lui, il n'aurait qu'à se fustiger tous les soirs en réclamant pénitence. Mais s'il venait de quelqu'un d'autre, le BB n'était pas sûr d'avoir le droit de fustiger cette autre personne tous les soirs pendant qu'il, ou elle, réclamerait pénitence. Enfin bon, étant donné qu'il avait donné le mauvais exemple, il ne fit aucun commentaire.

De toutes façons, rencontrer une fumeuse le rassurait : il n'y avait, dans ce ranch, aucune femelle avec qui il avait pû partager sa passion. Même les chevaux avaient tenté de le débarrasser de cette sale habitude ! En revanche, la nymphette qui se trouvait devant lui avait, en plus d'un corps superbe et d'un goût pour cette cigarette divine, un sens de la réparti intéressant. Et il était hors de question que le BB ne suive la joute : il devait prendre le dessus, il le savait. Et il adorait ce genre de relation... Alors, à sa remarque, il ne répondit que par un nouveau sourire mystérieusement séduisant.

"Essaie de ne pas foutre le feu à ma grange, ça me chagrinerait, et je risquerai d'être moins galant encore."

Très bien. Une réponse apparemment sèche, dite avec une décontraction impressionnante et une voix si douce et si sûre que, finalement, elle n'avait plus rien du tout de sèche. Détaché, il tira une bouffée de sa cigarette, attendant de voir si la nouvelle - parce que la jeune femme était forcément nouvelle, étant donné qu'elle ne l'avait pas reconnu - allait réagir à ce prénom possessif dans sa phrase. Mieux, comment elle allait réagir ? Avec la nonchalance qui sied au maître du lieu, le barbu s'assit sur une des bottes de paille près de l'entrée. En prenant garde, toutefois, à garder la cigarette loin des ballots inflammables.

Des prunelles acier... Voilà quelque chose d'étonnant, puisque cette étrange caractéristique était commune aux deux personnages. En effet, on disait de Sebastian Clark qu'il avait les yeux sombres, en raison du fait qu'ils soient légèrement enfoncés dans leurs orbites, surmontés par des sourcils épais mais pas désordonnés, et surtout, de la dure froideur dominante émanant d'eux. Non, pas de la froideur. Plutôt de la force. Une force indomptable, intraitable, que peu de gens partageaient. Mais ceux qui se penchaient plus dans son regard pouvaient observer les reflets clairs et métalliques qui scintillaient dans ses yeux d'argent oxydé (oui, je sors d'un TP de chimie xD). Ses yeux avaient cette teinte curieuse et dérangeante qu'ont les miroirs...

Et actuellement, un sourire amusé et intrigué adoucissait son regard, creusant des rides burinés tout autour. Rides, certes, mais qui ne le vieillissaient pas... En effet, Sebastian était l'un de ces hommes qui s'embellissent à mesure qu'ils prennent de l'âge, et dégagent une aura particulière. Il prit une légère inspiration, tirant une bouffée de sa clope si finement roulée, remarquant que celle qui lui faisait face en achetait des toutes faites, et souffla avec une vigueur naturelle :

"Mais au fond, qu'en ai-je à foutre, de ce que tu peux aimer ?"

C'est ce moment que choisit sa cigarette pour se terminer - il faut dire que le chemin ne l'avait pas aidée à tenir... Il la frotta tranquillement contre un mur, et fourra le mégot éteint dans sa poche : il n'aimait pas laisser les mégots traîner. Puis il attrapa le chat, qui était venu se frotter à lui. Une de ses idées, les chats : ils s'auto-suffisaient, se nourrissant des souris de la grange, et débarrassant cette dernière de ces rongeurs voleurs de grains. Une heureuse idée...

Un sourire amusé souligna les pommettes barbues de Sebastian. Celle qui lui faisait face était... Irrésistiblement provocante. Et même si ce n'était pas son style, en général, il ne pouvait s'empêcher de lui trouver un charme fou, réveillant au fond de lui une poussée d'hormone savoureuse. Qu'allait-il pouvoir dire ou faire, pour répondre à son comportement éhonté ? L'idée lui vint immédiatement à l'esprit, sans qu'il ait besoin de trop penser : jouer avec son charisme. C'était quelque chose de naturel, chez lui, d'utiliser aussi bien son corps que sa voix. Il se redressa donc, cisaillant Everleigh de ses prunelles d'acier.

Un pas souple, fluide. Un autre. Des pas de prédateurs, des pas effrayants. Des pas qui le rapprochaient sans cesse de celle qui lui faisait face, dont la cigarette était désormais éteinte et dans sa poche. Avec une délicatesse supérieure, dominante - et à raison - il s'approcha de son oreille, glissa ses lèvres le long de son cou et lui susurra à l'oreille, d'une voix grave, mielleuse et délicieusement masculine :

"Si tu mettais le feu à ma grange, je rentrerais dans une rage folle. Et ici, tout le monde sait qu'il ne fait pas bon de me mettre en colère..."

Une phrase chargée de menace, qui cachait parfaitement les désirs que montrait le corps de Sebastian. Collé contre la jeune femme, il sentait son odeur, savourait son aura, goûtait à ses cheveux, qui venaient s'emmêler aux siens. Il était effroyablement bien, et le fantasme de l'amour dans une grange l'assaillait, sans qu'il ne se décide à saisir la jeune femme, savourant la tension régnant actuellement dans l'endroit. Qu'allait-il se passer ? Les cartes n'étaient plus en ses mains, mais bien en celles de la jeune femme : et il les lui avait volontairement données.

UP ?