Qui es-tu ?

Une odeur fit frissonner ses naseaux. Les oreilles dressées, Deamon poursuit sa marche. Il avait déjà eu à sentir ce parfum, dans sa vie. Son cerveau cherchait dans ses souvenirs lointains à quelle espèce il pouvait ranger cette arôme. Il ne lui falut que quelque minutes pour mettre un nom et des souvenirs assez douloureux sur le tapis.
L'étalon n'était pas curieux, et ces humains, il voulait plus les tuer que sympathiser avec eux. Néanmoins, quelque chose le poussait à se diriger vers la source de l'odeur. C'était à travers des buissons hauts qui égratigneaient jusqu'au sang ses flancs, qu'il put enfin apercevoir la jeune femme. Caché entre des buissons et par un arbre, ses prunelles sombres prirent quelque minutes de son temps à l'observer, l'examiner. Ses oreilles en arrière, il s'attendait à devoir confronter cette ennemie.

Soudain, elle entendit un craquement. Puis une suite de craquements. Sur ses gardes, restant néanmoins immobiles, elle chercha la source du bruit. Et elle finit par l'apercevoir. Elle en eut le souffle coupé. Coupé, devant la beauté de l'animal. Car c'était un équidé qui venait de faire son apparition. Un mâle, d'après son attitude un peu dominante, un peu imposante. Sa robe était d'une magnifique couleur pie, et ses crins, entremêlés, étaient bicolores. Il était au moins vingts fois plus imposant que la jeune femme, si il se décidait à l'attaquer il n'en ferait qu'une bouchée. Mais Nusicaa ne bougeait tout de même pas.. Immobile. Elle jugeait l'équidé tout comme il avait l'air de le faire, ses yeux la fixant, ses oreilles plaquées en arrière. Seul la respiration de la jeune femme trahissait un mouvement. Elle n'avait pas peur. Ou presque pas. Elle était tout simplement.. fascinée.

Deamon était à découvert, l'humaine l'avait vu. Son regard noir la menaçait de ne pas avancer et ses oreilles plaquées en arrière, montrait qu'il n'allait en aucun cas se soumettre à elle. Il fit un pas en sa direction, c'était surtout pour se dégager de l'emprise du buisson dont ses épines avaient pénétré la chair de l'étalon. Ses yeux noirs n'étaient pas décidés à la quitter, la lèvre légèrement levée rendait visible le bout de ses dents pour avertir cette jeune femme qui pourrait sans hésiter les planter dans son corps fin.
Les pires moments de sa vie étaient quand il était la possession des humains. Il s'était faite une seule "amie", elle lui a été retirée. Il n'était pas encore prêt à revivre ce passage.

Elle le voyait bien. Il lui ordonnait de ne pas approcher. Et elle savait que, si elle ne respectait pas sa décision, elle se mettait elle même en danger. De toute façon, loin d'elle l'idée d'essayer d'approcher l'animal.. Et encore moins celle de le caressé. Pour avoir dresser multes jeunes chevaux ou équidés devenus dangereux, elle savait qu'il y avait des limites. Lorsqu'il fit un pas vers elle, elle continua de le fixer, longuement. Ne détachant ses yeux de son corps d'étalon sauvage, strié de quelques cicatrices. Elle attendait. Mais quoi, au juste ?. Quelque chose que nul ne pouvait comprendre, ni même savoir. Nusicaa attendait quelque chose d'incompréhensible, qu'elle ne comprenait pas elle même. Mais elle attendait.

Son regard était curieux, il examinait au détail cette humaine. Cependant, aucun mouvement était fait vers elle, il gardait le même point. Deamon humait profondément l'air pour s'imprégner plus intensément de l'odeur que dégageait cette jeune femme. À quoi lui servait-il de faire ceci ? Simplement pour une reconnaissance. Les jeunes femmes se ressemblaient presque toutes et celle-là avait des légers traits de similitaire à l'adolescente qu'il avait connu dans son temps en captivité. C'était impossible qu'elle pouvait être la fille, son odeur ne correspondait pas à celle qui l'avait en mémoire. Deamon voulait la revoir et l'idée qu'elle ne soit pas celle qui voulait, le contrariait pour qu'il fît un pas en arrière.
Néanmoins, son regard maintenait sa cible, gardant la même curiosité qu'au départ. Il se demandait pourquoi s'entêtait-elle à rester ainsi alors que c'était décidé pour l'étalon, il ne bougerait pas.

Une lueur de méfiance brillait dans les yeux de l'étalon, qui avait d'ailleurs l'attitude exact de l'équidé contrit ou curieux. Au bout d'un moment d'immobilité, la brunette se leva, doucement. Elle ne pouvait rester éternellement assise, de toute façon. Toute fois, aucun geste brusque ne se reflétaient dans son apparence. Elle resta debout, face à lui, se demandant à quoi l'équidé pensait, et que pensait il d'elle. Peut être était-ce la première humaine qu'il voyait.. Ou alors, peut être était elle la première à avoir se comportement. Il recula d'un pas. Soit. Elle recula également d'un pas. Laissant ses mains contre son corps, montrant bien qu'elle ne cachait rien dans son dos. Aucun geste ne trahissait d'agressivité dans son attitude sereine, et elle ne contait pas attaqué le magnifique étalon, bien évidemment. Pourtant, il fallait qu'il le comprenne. Cela pouvait prendre plusieurs heures. Mais c'était le temps qu'il fallait. Que se passerait il, maintenant ?

Son regard se concentra sur les mains de l'humaine. Il se rappela de la chose nommée licol qui servait à attacher les chevaux pour les mener à un autre point. Ses souvenirs étaient vagues, mais il parvint à se remémorer l'image imparfaite d'un licol pour ne pas tomber dans le panneau. La jeune femme n'en avait pas, mais ce n'est pas pour autant qu'il allait se diriger vers elle et devenir un sympathique équidé. Non, il préférait l'observer, comprendre au mieux ses intentions, avant de faire un quelconque geste.
Deamon pourrait attendre des heures ainsi, le temps, il en avait beaucoup en ce jour. Néanmoins, son regard balaya de temps en temps les alentours, trahissant son impatience à rester inactif.

La jeune humaine se mit dos à lui, le cheval la regarda faire. Cette technique n'avait plus de secret pour lui, l'adolescente de ses souvenirs l'avait fait pour mettre en confiance Deamon. Est-ce que cela allait marcher pour elle ? Pour l'instant, c'était difficile de répondre à ce genre de question, car même l'étalon ne savait comment réagir. Doit-il fuire, la tuer ou autre ? Il ne le savait point, mais il préférait attendre pour en tirer une conclusion pour ne pas se tromper.
Le vent se leva, le ciel s'assombrit. Mauvais présage, la pluie n'allait pas tarder. Pourtant l'étalon ne s'inquiéta pas pour le temps qui changera d'ici peu, mais cette jeune humaine dont il n'avait pas quitté des yeux, elle devait sûrement s'inquiéter sur son sort que lui réserve le destin. S'avançant d'un pas vers elle, il ne le cassa pas à son approche mais Deamon la contourna, à un mètre de la pietiner. Quand il fut à sa hauteur, son regard brun s'attarda sur elle, mais sa marche se poursuit tout de même. Il valait mieux trouver un abri avant que les nuages évacuent l'eau qui leur pèse.

Le vent s'était levé. Il balayait les cheveux de la brune, lui mettant devant les yeux. Mais elle n'esquissa pas un seul geste pour les empêcher de lui boucher la vue. Ce n'était pas sa préoccupation du moment, à vrai dire, en présence de l'équidé sauvage qui pouvait la blesser à tout moment. Il n'allait pas tarder à pleuvoir, et l'étalon l'avais à paramant sentit. Il la contourna, passant à environ un mètre d'elle. Elle ne bougea pas. La pluie se mis à tomber, des fines gouttes froides. Elle s'assit en tailleur, au milieu de tous ses arbres, et remis la mèche qui lui bouchait la vue droite. Elle ne prit pas la peine de rabattre sa capuche. Après tout, elle n'était pas en sucre, ce n'était pas la pluie qui allait la décourager. Elle se mis à murmurer des paroles inaudibles, d'une voix douce et chaude. Nul ne savait si elle parlait pour elle même, ou si elle parlait à l'équidé sauvage. En fait, elle se creusait la tête pour trouver une idée.

Elle n'était pas décidée à bouger. La pluie commença la guerre, se déchainant sur le monde. Pourtant, cette jeune femme ne s'était pas redressée pour fuire l'eau et partir trouver refuge quelque part. Elle restait là telle une courageuse. Ce courageuse en valait-il le coût ? Elle n'était pas en sucre, mais elle n'a pas le physique qui faut pour tenir sous cette pluie sans avoir un prix à donner.
Deamon s'arrêta dans sa marche. Son regard brun se tourna vers elle. Pourquoi se souciait-il de cette inconnue ? C'était après tout qu'un humain qui n'hésitait guère à détruire le monde à petit feu. Néanmoins, ses membres n'étaient pas prêts à reprendre du mouvement. Tous ce qu'ils firent, c'était un demi-tour sur place pour que sa tête s'alligne avec l'humaine, qui se retrouve face à face. L'étalon l'observa, les oreilles dressées, la respiration régulière.

Et ils étaient là, tout les deux, sous la pluie. La Nusicaa, que l'on aurait cru folle au premier regard, la voyant ainsi trempée, sous la pluie. Et l'étalon, puissant, donnant une impression de grandeur infinie. Elle releva la tête vers lui. Ruisselante. L'observant comme il l'observait. Et le temps n'avait alors plus aucun importance pour elle. La jeune femme désirait plus que tout l'approcher, le toucher. Mais malgré cette envie qui faisait bouillir en elle le feu de la volonté, elle n'esquissa aucun geste. Ces muscles la tiraillait un peu, des fourmis engourdissant ses membres glacés. Mais elle ne se décidait pas à bouger. Pas avant qu'il ne soit parti, ou qu'il n'ait esquissé un geste menaçant envers elle, lui démontrant qu'il en avait assez.

La pluie ne cessa guère à s'acharner sur le monde. Deamon était indifférent à cette eau qui tombait en masse sur son corps équin, il en était même vacciné, cela fut très lointain le temps où la pluie était un adversaire dont l'étalon ne pouvait se mesurer à elle. Ce n'était pas le cas pour cette humaine, qui semblait en piteux état. Les humains ne sont pas armés comme les animaux et cela, Deamon l'avait appris et l'avait surtout gardé enfoui dans ses souvenirs qu'il ne pensait pas à les refaire surgir.
Ses yeux bruns maintenaient leur cible, ses membres firent une foulée de pas vers elle. Elle était stupide à rester ainsi alors qu'un abri serait mieux pour elle. D'ailleurs, c'était facile d'en trouver un, dans les parages. Deamon ne la comprenait pas. Est-ce une bonne chose ? Déjà, quelque chose en lui, son esprit sûrement, lui criait de l'aider. Néanmoins, des chaines invisibles le retenaient certainement pour quelque temps, surtout qu'il soit sûr à cent pour cent d'aider son ennemi juré.

Et là, ce qu'elle avait tant espéré ce produisit. Il fit un pas vers elle, avançant dans cet infime distance qui les séparaient maintenant. Il avait l'air hésitant, perturbé, la pluie ne l'intimidant pas le moins du monde. Sa silhouette se dressait, vaillante, dans le ciel maintenant gris foncé et qui ne tarderait pas à se strier d'éclair. Le froid commençait à vraiment se faire sentir chez Nusicaa, dont les cheveux bruns étaient maintenant plaqués contre son coup, noirs. L'eau dégoulinait du ciel, trempant la jeune femme, dont l'état commençait à devenir sérieusement pitoyable. Elle devait avoir l'air inconsciente à ses yeux d'équidés, elle, pouvant paraître folle, ainsi, sous la pluie. Elle frissonna, tremblante de froid. Si la pluie, en elle même, n'était pas une ennemie, le froid, l'était. Pourtant, elle ne bougeait pas. Fixait le magnifique étalon qui lui était permis de voir. Le détaillait comme jamais. Qu'allait il faire ?

L'orage ainsi que le tonnerre accompagnaient la pluie. Ce n'était plus vraiment raisonnable de rester ici, parmi les arbres. Tout de même, l'humaine ne bougea pas d'un poil et ce n'est pas Deamon qui va la tirer pour la mettre à l'abri. Il ne fallait pas abuser, non plus. L'étalon lâcha un soupir. Il voulait trouver une grotte ou autre pour se poser tranquillement, se reposer.
Il la regarda une dernière fois avant de pivoter à nouveau et reprendre la marche. Son but était de trouver un lieu sec, du moins un endroit adéquat pour se coucher. Là, il ne regardait pas derrière pour voir ce qu'elle faisait, il ne s'en intéressait plus pour le moment.

Alors, et seulement lorsque l'étalon fut parti, Nusicaa se releva lentement, ses membres engourdis craquant. Puis, elle avança droit devant elle, à l'endroit ou un grand peuplier devrait la protéger momentanément des assauts de la pluie glaciale. Puis, voyant que l'étalon continuait à tourner en rond, comme cherchant une cachette, elle s'assit au pied du tronc, main dans les poches de son pull, et attendit. Si il ne trouvais pas, il n'aurait d'autre solution que de venir ici ou bien resté sous la pluie.